» Ceci n’est pas ma droite « 

marianne_m

 

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L’évidence s’impose. Le parti politique censé assurer la victoire à toutes les élections est un échec aux yeux des Français. L’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) ne dispose plus de la crédibilité nécessaire pour proposer une alternative sincère, construite et innovante au peuple de France.

Bâti sur un séisme politique marquant toute une génération, dont on se demande bien où elle est passée aujourd’hui, le 21 avril 2002 devait déboucher sur la création d’un grand parti de la droite et du centre. Or, à l’exception de la présidentielle de 2007 et des législatives qui ont suivi, l’UMP n’a jamais rencontré son destin de parti majoritaire à l’anglo-saxonne.

La principale difficulté pour offrir une lecture précise de l’évolution de la droite en France réside en la superposition d’appareils politiques actuels aux théories de la construction des pensées de la droite. Vivons-nous l’émergence d’une quatrième droite ou observons-nous une mutation des sensibilités internes de la droite moderne amenant à deux droites, comme l’écrivait encore récemment Olivier Duhamel ?

Nous assistons avec une passivité inquiétante et désolante à l’émergence d’une quatrième droite s’inscrivant dans le prolongement de notre grille d’analyse depuis René Rémond, qui a formalisé en 1954 deux siècles de vie politique française. Aux droites légitimiste, bonapartiste et orléaniste, il convient d’ajouter aujourd’hui une nouvelle droite : celle d’un « national-populisme ».

Où se loge cette quatrième droite ? Au sein du Front National ? A l’intérieur de l’UMP ? En marge ? Un peu partout ? Poser cette question revient bien à s’interroger sur l’inefficacité de l’UMP aujourd’hui qui, dans sa volonté de trop embrasser, mal étreint. Ces étreintes relèvent tellement de la contorsion politique que l’hebdomadaire « Minute », qui a toujours milité pour l’union de la droite et de l’extrême droite, lui renvoie ses propres contradictions en condamnant Nathalie Kosciusko-Morizet, seule candidate de la droite républicaine à pourvoir remporter la Mairie de Paris en 2014.

Cette inefficacité structurelle nous pousse dans les bras du Front National et de ses thèses les plus contraires à la République. Lorsqu’avant 2002, et dans le cadre de modes de scrutins qui n’ont jamais évolué, le Rassemblement Pour la République (RPR) cherchait à obtenir une majorité au second tour d’une élection, nos partenaires naturels qu’étaient l’UDF et Démocratie libérale permettaient de dégager une majorité.

Or les libéraux ont disparu, et le centre est resté autonome tout en  souffrant d’un trop peu d’électeurs et d’un trop plein de chefs. La seule voie complémentaire permettant un espoir de victoire ne réside donc que dans une forte appropriation des thèses du FN. Ou alors il faut proposer un tour aux élections, ce qui n’a jamais été envisagé, à tort lorsqu’on promeut un parti unique.

Aujourd’hui, le jugement que nous pouvons porter sur l’élection présidentielle de 2012 peut être sévère mais juste : Nicolas Sarkozy a bien rassemblé toutes les droites en 2007 et il s’est ainsi assuré la victoire. En 2012, la quatrième droite « national-populiste » émerge, se renforce et devient réelle tout au long du mandat. Elle ne s’est pas agrégée aux droites traditionnelles et ne les a même pas transcendées.

L’inefficacité géographique nous pousse à assumer un discours global sans prendre en compte l’histoire de nos territoires. Les dissensions actuelles au sein de l’UMP n’en sont que la représentation la plus flagrante. Détaillé par Emmanuel Todd et Hervé le Bras lorsqu’ils publient Le mystère français, l’Ouest, l’Est, la Savoie, les Pyrénées, les départementaux orientaux du Massif central ne peuvent pas subir le même discours que le Var ou les départements du Nord. L’intelligence de situation obligerait à laisser une ouverture claire sur ces territoires à des partis politiques assumant un héritage chrétien, libéral et européen, non à un amas peu lisible dès lors qu’une voix unique tentera sans succès la synthèse de toutes les inutiles radicalisations.

L’inefficacité culturelle, enfin, illustre la chimère d’une bipolarisation de la vie politique française qui va clairement à l’encontre d’un passé riche en mouvement et créateur de sensibilités politiques indissociables de notre avenir. D’un parti unique à la droite de l’échiquier, nous arrivons à un premier constat d’échec avec la création des mouvements qu’Alain Juppé, grand architecte de l’Union En Mouvement puis de l’UMP, avait toujours refusé.

Alors, quitte à forcer le trait et reconnaître enfin au grand jour des différences notables dans la perception politique de ce que doit être la France et la société française, organisons l’UMP en confédération de mouvements réunis. Laissons ensuite la liberté au premier tour des élections avec comme engagement le désistement obligatoire pour le second tour ou l’impossibilité d’autoriser plus de deux candidats au second tour.

Les alliances de certains seront suffisamment éloquentes. Ils devront les assumer devant les électeurs. Que celles et ceux qui sont dans le tiède « ni-ni » montrent leur vrai visage et concluent les alliances dont ils rêvent tant. Ainsi, nous ne pourrons pas leur donner raison quand ils ne poursuivent qu’un seul et unique but : détruire la droite républicaine.

Cette quatrième droite n’est pas ma droite et ne peut pas être celle des Gaullistes.

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