Notre pari pour la jeunesse

Emile-Zola

L’Union des Jeunes pour le Progrès se tourne vers la jeunesse, comme en chaque grande crise, pour y puiser la force de bâtir un monde nouveau. Les propositions qui formeront le corps nouveau d’une politique nouvelle sont les siennes. En un sens, la seule véritable force politique est la jeunesse. Rompant avec les appareils officiels et les idées préconçues, libre de toute idée pesée et jugée avec les poids faussés d’une longue expérience que l’on ne veut pas contredire, elle fait surgir avec force et clarté la véritable idée de justice. Elle possède un regard neuf, et naïf. Neuf, parce qu’il est tout entier tourné vers l’avenir, et qu’il fonde l’espoir d’un monde meilleur. Naïf, parce qu’il a souvent fait l’économie des erreurs des Anciens. Mais cette naïveté a sa force : elle évite les pièges faciles des attaches d’hier, des mensonges passés, et des petits arrangements récurrents.

Nous voulons laisser à cette jeunesse la place qui lui revient, sa place légitime. Chaque adhérent  de l’UJP peut proposer, débattre, travailler, en un mot, pleinement s’engager. Le pari de l’UJP est celui de la candeur sur le cynisme, de l’échange, et du développement des idées de chacun.

« Qui se lèvera pour exiger que justice soit faite, si ce n’est [ la jeunesse ] qui n’est pas dans nos luttes d’intérêts et de personnes, qui n’est encore engagée ni compromise dans aucune
affaire louche, qui peut parler haut, en toute pureté et en toute bonne foi ? (…) où  trouvera-t-on la claire intuition des choses, la sensation instinctive de ce qui est vrai, de ce qui est juste, si ce n’est dans ces âmes neuves, dans ces jeunes gens qui naissent à la vie publique, dont rien encore ne devrait obscurcir la raison droite et bonne ? Que les hommes politiques, gâtés par des années d’intrigues, que les journalistes, déséquilibrés par toutes les compromissions du métier, puissent accepter les plus impudents mensonges, se boucher les yeux à d’aveuglantes clartés, cela s’explique, se comprend. Mais elle, la jeunesse, elle est donc bien gangrenée déjà, pour que sa pureté, sa candeur naturelle, ne se reconnaisse pas d’un coup au milieu des inacceptables erreurs, et n’aille pas tout droit à ce qui est évident, à ce qui est limpide, d’une lumière honnête de plein jour !

Qui donc, si ce n’est [la jeunesse], tentera la sublime aventure, se lancera dans une cause dangereuse et superbe, tiendra tête à un peuple, au nom de l’idéale justice ? Et n’es-tu pas
honteuse, enfin, que ce soient des aînés, des vieux, qui se passionnent, qui fassent aujourd’hui ta besogne de généreuse folie ?

- Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes la bravoure et l’espoir de vos vingt ans ?

 

- Nous allons à l’humanité, à la vérité, à la justice ! »

 

D’après Emile Zola, Lettre à la Jeunesse.

14 décembre 1897

 

 

 

http://www2.cndp.fr/laicite/pdf/Zola.pdf

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